Article paru dans le Huffingtonpost du 14 janvier 2013
Dis choses que les gens heureux font différemment
"Le bonheur est d'avoir dans une autre ville une grande famille soudée et attentionnée" -George Burns
Jusqu'à quel point êtes-vous heureux et pourquoi ? C'est une question
à laquelle j'ai consacré pas mal de temps, non seulement parce qu'elle
concerne ma propre évaluation du bonheur, mais aussi ma famille, mes
amis et les personnes avec lesquelles je travaille. Depuis que j'ai
obtenu mon diplôme de psychologie positive, j'ai travaillé avec des
milliers de gens dans des circonstances très différentes, je les ai
observés et j'ai pu constater que les gens heureux ont une façon qui
leur est propre d'aborder la vie. Voici ce en quoi ils agissent
différemment :
Ils s'entourent d'un fort tissu social. Les gens
heureux sont connectés à leurs familles, leurs voisins, leurs lieux de
culte et leurs communautés. Ces connexions agissent comme un tampon
contre la dépression et créent des liens forts et importants. Le taux de
dépression a augmenté dramatiquement durant les 75 dernières années.
L'Organisation mondiale de la Santé prévoit que d'ici 2020, la
dépression sera la seconde cause de décès dans le monde, touchant près
d'un adulte sur trois. Bien que plusieurs raisons peuvent probablement
expliquer cette augmentation, l'une des plus importantes pourrait être
la déconnexion des gens avec leurs familles et leurs communautés.
Ils s'engagent dans des activités qui conviennent à leurs forces,
à leurs valeurs et à leur façon de vivre. Quand on parle de stratégies
du bonheur, il n'y a pas qu'une solution qui convienne à tous. De la
même façon que vous adaptez vos exercices à votre objectif sportif, les
gens heureux agissent en fonction de leurs buts émotionnels. Certaines
stratégies connues pour améliorer la joie de vivre me paraissent un peu
trop mièvres, mais celles qui marchent le mieux me permettent d'exercer
ma bienveillance, d'exprimer ma gratitude, et de m'engager complètement.
Le Dr Sonja Lyubomirsky propose dans son livre Comment être heureux et
le rester, un merveilleux test d'auto-évaluation permettant de
sélectionner les stratégies les plus adaptées à votre tempérament et à
vos valeurs.
Ils expriment leur reconnaissance. La gratitude fait
du bien au corps. Elle vous aide à mieux gérer le stress et les
traumatismes, améliore l'amour propre et l'estime de soi quand vous
réalisez combien vous avez déjà accompli, et aide souvent à chasser les
émotions négatives. Des recherches ont également indiqué des
corrélations entre l'expression d'une force de reconnaissance et le
sentiment de satisfaction pour sa vie [1].
Ils abordent la vie de manière optimiste. Les gens
heureux contiennent leurs tendances pessimistes de trois façons. Tout
d'abord, ils concentrent leur temps et leur énergie sur ce qu'ils
peuvent contrôler. Ils savent comment passer à autre chose si certaines
stratégies ne fonctionnent pas ou s'ils ne peuvent pas contrôler une
chose en particulier. Ensuite, ils sont conscients que « ça aussi, ça va
passer ». Les gens heureux savent serrer les dents face à l'adversité
car ils ont compris que si la vie ne peut pas être un long fleuve
tranquille, les aléas ne durent pas. En fin de compte, les gens heureux
sont doués pour compartimenter leurs vies. Ils ne permettent pas qu'un
problème dans un domaine ne viennent contaminer le reste de leur
existence.
Ils savent que c'est bien de faire le bien. Les gens
heureux aident les autres en faisant du volontariat. Des recherches ont
montré un lien profond entre un comportement altruiste et le bien-être,
la santé et la longévité. Agir de façon bienveillante vous permet de
vous sentir bien par rapport à vous-même et aux autres, et les émotions
positives qui en résultent améliorent votre résistance physique et
psychologique. Une étude a suivi cinq femmes ayant souffert de sclérose
en plaques durant trois ans [2]. Ces femmes se sont portées volontaires
pour soutenir 67 autres personnes souffrant de cette même maladie. Les
résultats ont montré que ces cinq volontaires ont connu des changements
positifs qui se sont révélés plus importants que les améliorations
expérimentées par les patients qu'elles avaient soutenues.
Ils savent que les richesses matérielles n'occupent qu'une petite part de l'équation.
Les gens heureux considèrent de façon saine la joie que pourraient leur
apporter des possessions matérielles. Dans son livre Comment être
heureux et le rester, Lyubomirsky explique qu'en 1940, la proportion
d'Américains déclarant être « très heureux » était d'environ 7,5 sur 10
[3]. Or, à combien estimez-vous cette proportion aujourd'hui, avec les
iPods, la télévision couleurs, les ordinateurs, des voitures plus
rapides, et un revenu qui a plus que doublé ? 7,2. Non seulement les
biens matériels ne font pas le bonheur, mais ce sont même d'importants
facteurs de mécontentement. Une étude a observé l'état d'esprit de
12.000 élèves en première année universitaire, âgés de 18 ans, puis les a
interrogés sur leur état de satisfaction par rapport à leur vie
lorsqu'ils avaient 37 ans. Ceux qui avaient exprimé des aspirations
matérialistes à 18 ans étaient moins satisfaits de leurs vies vingt ans
plus tard [4].
Ils ont développé de saines stratégies pour gérer les aléas de la vie.
Les gens heureux rencontrent des épisodes stressants dans leurs vies
mais ils ont mis au point des stratégies gagnantes pour les surmonter.
Savoir rebondir après un traumatisme fait partie des changements
positifs personnels résultant de quelqu'un s'efforçant de gérer des
événements existentiels très difficiles. Selon les chercheurs Tedeschi
et Calhoun, il y a 5 facteurs d'amélioration après la gestion d'un
événement difficile : une façon renouvelée d'apprécier la vie, la
découverte d'autres manières d'aborder la vie, une plus grande force
personnelle, de meilleures relations avec autrui et un essor de la
spiritualité. Les gens heureux deviennent doués pour voir le bien
pouvant résulter de moments difficiles.
Ils se concentrent sur la santé. Les gens heureux
prennent soin de leur corps et de leur esprit et savent gérer leur
stress. Se concentrer sur sa santé ne se limite pas cependant à faire de
l'exercice. Les gens heureux agissent en fait comme des gens heureux.
Ils sourient, ils s'investissent dans les choses et apportent un niveau
optimal d'énergie et d'enthousiasme à ce qu'ils font.
Ils cultivent leurs émotions spirituelles. Selon
Lyubomirsky, de plus en plus de chercheurs suggèrent que les personnes
croyantes sont plus heureuses, en meilleure santé et se remettent plus
facilement d'un traumatisme que les personnes laïques [5]. De plus, les
auteurs Ed Diener et Robert Biswas-Diener expliquent dans leur livre
Happiness: Unlocking the Mysteries of Psychological Wealth, que les
émotions spirituelles sont essentielles à la richesse psychologique et
au bonheur, car elles nous aident à nous connecter avec ce qui nous
dépasse.
Ils savent où ils vont. Avancer dans le but d'avoir
une vie qui ait un sens est l'une des stratégies les plus vitales
utilisées par les gens heureux. J'ai sous-estimé l'importance du sens de
la vie quand j'étais avocate, mais c'est devenu évident pour moi
lorsque je me suis retrouvée au bout du rouleau. Selon Diener et
Biswas-Diener, les gens heureux ont des valeurs auxquelles ils tiennent
et ont des résultats qui valent la peine qu'on se donne du mal pour les
obtenir.
Le grand Dr. Chris Peterson, aujourd'hui disparu, a évoqué son propre chemin vers le bonheur en ces termes :
"J'ai passé mes premières années de jeune adulte à
repousser à plus tard beaucoup de petites choses dont je savais pourtant
qu'elles me rendraient heureux. J'ai eu la chance de me rendre compte
un jour que je n'aurais jamais le temps de les faire, à moins de trouver
ce temps nécessaire. Et c'est là que le reste de ma vie a commencé."
A mesure du temps qui passe, les gens heureux ont développé un
éventail spécifique de stratégies qui leur fait voir la vie différemment
- un éventail équilibré entre compétences et émotions. Et vous,
qu'ajouteriez-vous à cette liste ?
Entrez en contact avec Paula David Laack, l'auteur de ce billet, via :
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_____________________
[1] Park, N., Peterson, C., & Seligman, M.E.P. (2004),
"Strengths of character and well-being", Journal of Social and Clinical
Psychology, 23(5), 603-619.
[2] Schwarz, C.E., & Sendor, M. (1999). "Helping others help oneself
: Response shift effects in peer support", Social Science and Medicine,
48, 1563-75.
[3] Lane, R.E. (2000). "The loss of happiness in market democracies", New Haven, Yale University Press. Voir Figure 1.1, p.5.
[4] Nickerson, C., Schwartz, N., Diener, E., & Kahneman, D. (2003).
"Zeroing in on the dark side of the American dream: A closer look at the
negative consequences of the goal for financial success", Psychological
Science, 14, 531-36.
[5] Ellison, C.G., & Levin, J.S. (1998). "The religion-health
connection: Evidence, theory, and future directions", Health Education
and Behavior, 25, 700-20.
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