lundi 25 août 2014

La Psychologie Positive au Forum de la Santé Mentale de l'ARS en 2012



Forum de la Santé Mentale
Enjeux, Innovations et perspectives
Mardi 14 février 2012 
Organisé par l'ARS (Agence Régionale de la Santé Ile-de-France)



Plus de 600 personnes ont participé au Forum « Santé Mentale : enjeux, innovations et perspectives » organisé par l'ARS Île-de-France le 14 février 2012.




Des échanges en séance plénière autour de propositions concrètes d’amélioration du dispositif régional
Cet évènement a été l’occasion d’échanger avec les professionnels et acteurs régionaux concernés autour des cinq thématiques suivantes :
  • Promouvoir une approche intégrée des parcours de santé et de vie
  • Faciliter l’accès aux soins
  • Agir en prévention et favoriser la promotion de la santé mentale
  • Citoyenneté et santé mentale
  • Justice et santé mentale
Pour chacune d’entre elles, des groupes de travail ont formulés des constats et propositions spécifiques aux réalités régionales largement soumis au débat avec la salle.
Un temps introductif a été consacré au concept de santé mentale et à ses évolutions en présence des auteurs des principaux rapports publics : V. KOVESS-MASFETY, J-L. ROELANDT, P. CLERY MELIN, J-C. PASCAL , G. MASSE et E. COUTY. Ils se sont exprimés sur les enjeux et les spécificités de la région.


Quelques extraits des Actes de ce Forum :









jeudi 21 août 2014

Shawn Achor - Conférence Ted : L'heureux secret d'un meilleur travail !



"Alors que j'avais sept ans et ma sœur cinq, nous jouions un haut d'un lit superposé. J'avais deux ans de plus que ma sœur à ce moment - bien sûr, c'est toujours le cas - mais à l'époque, ça voulait dire qu'elle devait faire tout ce que je voulais, et je voulais jouer à la guerre. Nous étions donc en haut de nos lits superposés. Et d'un côté du lit j'avais installé tous mes GI Joe avec leurs armes. En face, il y avait tous les Petits Poneys de ma sœur, prêts à charger.
0:38Il y a différentes versions de ce qui s'est passé cet après-midi, mais comme ma sœur n'est pas là aujourd'hui, je vais vous dire la vérité... (Rires) ... qui est que ma sœur est un peu maladroite.Bizarrement, sans que son frère n'y soit pour rien, Amy a disparu soudainement du haut du lit, et a atterri avec fracas sur le sol. J'ai timidement jeté un œil par-dessus bord, pour voir ce qui était arrivé à ma sœur, et j'ai vu qu'elle avait atterri douloureusement à quatre pattes, sur les genoux et les mains.
1:05J'étais inquiet parce que mes parents m'avaient chargé de veiller à ce que ma sœur et moi jouions aussi tranquillement que possible. Et vu que j'avais accidentellement cassé le bras à Amy une semaine avant... (Rires) ... en la poussant héroïquement hors de la trajectoire d'un tir de sniper imaginaire,(Rires) ce pour quoi je n'ai toujours pas reçu de remerciements, j'essayais autant que possible - elle ne l'avait même pas vu venir - j'essayais de me comporter aussi bien que possible.
1:36Et j'ai vu le visage de ma sœur, ce hurlement de douleur et de surprise, qui menaçait de sortir de sa bouche, et de réveiller mes parents de la longue hibernation dans laquelle ils s'étaient plongés. J'ai donc fait la seule chose que mon petit cerveau paniqué pouvait imaginer pour éviter la catastrophe. Si vous avez des enfants, vous avez déjà vu ça cent fois. J'ai dit : « Amy, Amy, attends. Ne pleure pas. Tu as vu comment tu as atterri ? Les êtres humains n'atterrissent pas à quatre pattes comme ça. Amy, je crois que ça veut dire que tu es une licorne. »
2:02(Rires)
2:05C'était de la triche, car il n'y avait rien au monde que ma sœur n'aurait plus désiré que de ne pas être Amy, la petite sœur blessée, mais Amy, la licorne spéciale. Bien sûr, c'était une possibilité qui ne l'avait jamais effleurée jusque-là. Et on pouvait voir ma pauvre sœur, manipulée, entrer en conflit, comme son petit cerveau hésitait entre deux tâches, ressentir la douleur et la surprise qu'elle venait de rencontrer,ou bien s'intéresser à sa nouvelle identité de licorne. Et c'est cette dernière qui a gagné. Au lieu de crier, au lieu d'arrêter de jouer, au lieu de réveiller mes parents, avec toutes les conséquences négatives qui en auraient découlé, un sourire s'est épanoui sur son visage, et elle est regrimpée sur le lit avec toute la grâce d'un bébé licorne... (Rires) ... avec une patte cassée.
2:43Ce que nous avions découvert, à l’âge tendre de cinq et sept ans - nous n'en avions alors pas la moindre idée - était quelque chose qui serait à l'avant-garde d'une révolution scientifique, deux décennies plus tard, sur la façon dont on considère le cerveau humain. Nous avions découvert ce qu'on appelle la psychologie positive, qui est la raison de ma présence ici, et aussi pour laquelle je me lève chaque matin.
3:02Quand j'ai commencé à parler de ces recherches, en dehors de l'Université, dans les entreprises et les écoles, la première chose qu'on m'a dite, c'est de ne jamais commencer par un graphique. Je veux donc tout d'abord commencer par un graphique. Ce graphique a l'air ennuyeux, mais il est la cause de mon enthousiasme en me levant chaque matin. Il n'a même pas de signification ; ce sont de fausses données. Ce que nous avons découvert -
3:20(Rires)
3:24Si j'avais obtenu ces données en vous étudiant, vous ici, j'aurais été ravi, parce qu'une tendance se dégage clairement, et cela signifie que je peux être publié, et c'est la seule chose qui compte vraiment.Le fait qu'il y ait un point rouge bizarre, au-dessus de la courbe ; il y a quelqu'un de bizarre dans la salle, je sais qui vous êtes, je vous ai repéré, ce n'est pas un problème. Ce n'est pas un problème, comme vous le savez, parce que je peux très bien effacer ce point. Je peux effacer ce point parce qu'il s'agit clairement d'une erreur de mesure. Et nous savons que c'est une erreur de mesure, parce que cela fiche en l'air mes données.
3:53Ainsi, l'une des premières choses qu'on apprend dans les cours d'économie, de statistiques, de commerce et de psychologie, c'est la façon statistiquement exacte d'éliminer les bizarreries. Comment éliminer les excentriques, pour trouver le meilleur contour ? C'est fantastique si j'essaie de trouvercombien d'Advil une personne moyenne devrait prendre : deux. Mais si je m'intéresse au potentiel, à votre potentiel, de bonheur, de productivité, d'énergie, ou de créativité, alors nous créons scientifiquement un culte de la moyenne.
4:18Si je pose une question comme : « A quelle vitesse un enfant peut-il apprendre à lire en classe ? », les savants changent ça en : « A quelle vitesse l'enfant moyen apprend-il à lire en classe ? », et puis on adapte le programme pile à la moyenne. Si vous êtes sous la moyenne de cette courbe, les psychologues sont ravis, parce qu'alors soit vous êtes déprimés, soit vous souffrez d'un trouble, soit les deux, avec un peu de chance. On espère les deux, parce que dans notre business modèle, si vous venez en séance avec un problème, on veut être sûrs que vous repartez avec 10, pour que vous reveniez encore et encore. On remontera jusqu'à votre enfance si nécessaire, mais à la fin, on veut vous rendre normal à nouveau. Mais normal, c'est simplement dans la moyenne.
4:51Et je pose en principe, de même que la psychologie positive, que si l'on n'étudie que ce qui est dans la moyenne, nous resterons simplement dans la moyenne. Alors au lieu d'effacer ces excentriques positifs, je fais exprès, lorsque je tombe sur une population comme celle-ci, de demander : pourquoi ?Pourquoi certains sont-ils tellement au-dessus de la courbe, en termes de capacité intellectuelle, athlétique, musicale, de créativité, de niveaux d'énergie, de résistance face aux problèmes, de sens de l'humour ? Quoi que ce soit, au lieu de l'effacer, je veux l'étudier. Parce que peut-être pouvons-nous récolter des informations, non seulement pour remonter les gens jusqu'à la moyenne, mais aussi pour remonter toute la moyenne, dans nos entreprises et nos écoles du monde entier.
5:23Ce graphique est important pour moi, parce que, en écoutant les nouvelles, il me semble que la majorité des informations n'est pas positive, en fait elle est négative. Elles parlent de meurtres, de corruption, de maladies, de catastrophes naturelles. Très vite, mon cerveau se met à penser que c'est le rapport exact entre le négatif et le positif dans le monde. Cela crée quelque chose qu'on appelle le syndrome de l'école de médecine ; si vous connaissez des gens qui ont fait médecine, pendant leur première année, quand ils lisent tous les symptômes et maladies qui pourraient leur arriver, ils réalisent soudain qu'ils les ont tous.
5:48J'ai un beau-frère du nom de Bobo - c'est une toute autre histoire. Bobo a épousé Amy la licorne. Bobo m'a téléphoné depuis l’École de Médecine de Yale, et m'a dit : « Shawn, j'ai la lèpre. » (Rires) Ce qui, même à Yale, est extrêmement rare. Je n'avais pas la moindre idée pour consoler le pauvre Bobo,parce qu'il sortait tout juste d'une semaine de ménopause.
6:11(Rires)
6:13Vous voyez, ce n'est pas forcément la réalité qui nous fait tels que nous sommes, mais l'objectif par lequel notre cerveau voit le monde qui fait notre réalité. Et si on peut changer l'objectif, on peut non seulement changer notre bonheur, mais changer en même temps l'avenir scolaire et professionnel de chacun.
6:25Quand j'ai postulé à Harvard, c'était par défi. Je ne pensais pas être admis, et ma famille n'avait pas l'argent nécessaire. Quand j'ai reçu une bourse militaire, deux semaines plus tard, ils m'ont admis.Soudain, ce qui n'était même pas envisageable est devenu une réalité. En y allant, je pensais que tout le monde verrait ça comme moi, un privilège, qu'ils seraient excités d'être là. Même dans une classe pleine de gens plus malins que soi, on devrait être content juste d'être dans cette classe, comme je l'étais. Mais ce que j'ai découvert, c'est que, si certains le vivent ainsi, quand j'ai été diplômé après quatre années, et que j'ai ensuite passé huit ans à habiter avec les étudiants - Harvard me l'a demandé, ce n'était pas moi. (Rires) J'étais chargé par Harvard de conseiller les étudiants durant leurs difficiles études. Et j'ai trouvé dans mes recherches et mon enseignement que ces étudiants, peu importe qu'ils soient heureux d'avoir réussi à entrer dans cette école, après deux semaines, leur esprit ne se focalisait, ni sur le privilège d'être là, ni sur leurs cours de philosophie ou de physique. Leur esprit se focalisait sur la compétition, la charge de travail, les tracas, le stress, les réclamations.
7:18Quand je suis arrivé la première fois, je suis entré dans le réfectoire des nouveaux, là où mes amis de Waco, au Texas, l'endroit où j'ai grandi - vous en avez peut-être entendu parler - quand ils venaient me rendre visite, ils regardaient la salle, et me disaient : « Ce réfectoire semble tout droit sorti de Hogwart, dans le film Harry Potter », ce qui est vrai. Voici Hogwart, dans Harry Potter, et voici Harvard. Quand ils voyaient cela, ils me disaient : « Pourquoi perds-tu ton temps à étudier le bonheur à Harvard ? Quelle raison sérieuse un étudiant de Harvard pourrait bien avoir d'être malheureux ? »
7:41Cachée dans cette question, il y a la clé de la science du bonheur. Parce que cette question supposeque notre environnement influence directement notre niveau de bonheur, alors qu'en réalité, si je sais tout de votre environnement, je ne peux prévoir que 10 % de votre bonheur à long terme. 90 % de votre bonheur à long terme n'est pas influencé par l'environnement, mais par la façon dont votre cerveau le perçoit. Et si on change cela, si on change notre recette du bonheur et du succès, alors on peut changer la façon dont on modifie la réalité. Nous avons découvert que seulement 25 % des réussites professionnelles sont dues au Q.I. 75 % des réussites sont dues à votre niveau d'optimisme, votre environnement relationnel, et votre capacité à voir le stress comme un défi plutôt que comme une menace.
8:21J'en ai parlé à la direction d'un internat des plus prestigieux, en Nouvelle-Angleterre, et ils m'ont dit : « On le sait déjà. Chaque année, en plus des cours, on a aussi une semaine de bien-être. C'est très excitant. Lundi soir, nous avons le plus grand expert mondial qui vient nous parler de la dépression chez les adolescents. Mardi soir, c'est la violence à l'école et les brimades. Mercredi soir, les troubles de l'alimentation. Jeudi soir, la chasse aux drogues. Et pour vendredi soir, on hésite entre le sexe dangereux et le bonheur." (Rires) J'ai dit : « C'est ce que font la plupart des gens le vendredi soir. »(Rires) (Applaudissements) Je suis content que vous appréciez, parce que eux, pas du tout. Silence sur la ligne. Et dans ce silence, j'ai dit : « Je serais heureux de venir parler dans votre école, mais sachez que ce n'est pas la semaine du bien-être, c'est celle du mal-être. Vous avez souligné toutes les choses négatives qui peuvent arriver, mais rien dit des choses positives. »
9:07L'absence de maladie n'est pas la santé. Voici comment obtenir la santé : Il faut inverser la recette du bonheur et du succès. Ces trois dernières années, j'ai voyagé dans 45 pays différents, j'ai travaillé avec des écoles et des sociétés en plein milieu d'une récession économique. Et j'ai découvert que la plupart des sociétés et des écoles suivent la recette du succès suivante : Si je travaille plus dur, je réussirai mieux. Et si je réussis mieux, alors je serais heureux. C'est à la base de la plupart de nos modes d'éducation, de management, c'est la façon dont on se donne de la motivation.
9:33Le problème, c'est que c'est scientifiquement invalide et inversé, pour deux raisons. Premièrement, chaque fois que notre cerveau réussit quelque chose, on ne fait que repousser les limites de la réussite. Vous avez eu de bonnes notes, il vous en faut maintenant de meilleures, vous avez intégré une bonne école, et après avoir en intégré une encore meilleure, vous avez obtenu un bon travail, mais vous devez en obtenir un meilleur, vous avez atteint vos objectifs de vente, on va vous les changer. Si le bonheur est de l'autre côté du succès, votre cerveau n'y arrive jamais. Nous avons repoussé le bonheur au-delà de l'horizon cognitif, dans notre société. Et c'est parce que nous croyons qu'il faut réussir, avant d'être heureux.
10:01Mais le vrai problème, c'est que notre cerveau marche dans le sens inverse. Si on peut élever le niveau de positivité de quelqu'un dès maintenant, son cerveau ressent ce qu'on appelle aujourd'hui un avantage de bonheur, c'est à dire que le cerveau, en mode positif, est nettement plus efficace qu'en mode négatif, neutre, ou stressé. L'intelligence, la créativité, le niveau d'énergie augmentent. En fait, on a découvert que chacun des résultats professionnels s'améliore. Le cerveau en mode positif est 31 % plus productif qu'en mode négatif, neutre ou stressé. On améliore les ventes de 37 %. Les médecins sont plus rapides et précis de 19 % dans l'établissement d'un diagnostic exact, en mode positif plutôt qu'en mode négatif, neutre ou stressé. Ce qui veut dire qu'on peut inverser la recette. Si on trouve un moyen pour être positif au présent, alors nos cerveaux réussiront encore mieux, car nous pourrons travailler plus dur, plus vite, et plus intelligemment.
10:45Il nous faut inverser la recette, pour découvrir ce dont sont vraiment capables nos cerveaux. Parce que la dopamine, qui inonde notre système quand on est positifs, a deux fonctions. Non seulement elle vous rend plus heureux, mais elle met en route vos fonctions d'apprentissage, et vous permet de vous adapter au monde d'une façon différente.
11:01Nous avons découvert qu'il est possible d'entraîner notre cerveau à devenir plus positif. En seulement deux minutes, pendant 21 jours d'affilée, on peut vraiment reprogrammer notre cerveau, et lui permettre de travailler vraiment avec plus d'optimisme et plus de succès. Nous l'avons fait dans le cadre de nos recherches, dans chaque société avec laquelle j'ai travaillé, nous leur avons fait écrire trois nouvelles choses réjouissantes, pendant 21 jours d'affilée, trois nouvelles choses par jour. Et à la fin, leur cerveau acquiert l'habitude de regarder le monde, non pour le négatif, mais d'abord pour le positif.
11:29Parler dans votre journal d'une expérience positive au cours des dernières 24 heures permet à votre cerveau de la revivre. L'exercice apprend à votre cerveau que votre attitude compte. Nous avons découvert que la méditation permet à votre cerveau de se débarrasser de l'hyperactivité culturelle que nous avons créée en essayant d'effectuer plusieurs tâches à la fois, et permet à notre cerveau de se concentrer sur son travail. Enfin, la gentillesse gratuite est une gentillesse consciente. On leur demande, quand ils ouvrent leur messagerie, d'écrire un mail positif, félicitant ou remerciant quelqu'un dans leur entourage.
11:54En faisant cela, en entrainant notre cerveau de la même façon que notre corps, nous avons découvert qu'on peut inverser la recette du bonheur et du succès, et par là même, non seulement émettre de la positivité, mais créer une vraie révolution.
12:06Merci beaucoup.
12:08(Applaudissements)"

mercredi 20 août 2014

La Psychologie Positive par David Servan Schreiber en 2005 déjà !!




Une nouvelle psychologie positive
David Servan Schreiber - Juin 2005 - Psychologies.com

"L'Austère président de l’Association américaine de psychologie fait un constat amer devant tous ses collègues : à 60 ans et au sommet d’une des carrières les plus brillantes de sa génération, c’est sa fille de 5 ans qui lui a rappelé ce à quoi la psychologie scientifique aurait dû se consacrer depuis un demi-siècle. Ensemble dans le jardin, ils arrachaient les mauvaises herbes. Au lieu de se concentrer comme lui sur la tâche, la petite Nikki jetait les herbes en l’air, chantait et dansait. Habitué au travail ordonné et précis, le professeur se tourne vers sa fille et la gronde en élevant la voix. Elle part en pleurant. Mais elle revient quelques minutes plus tard : « Papa, je voudrais te parler. » « Oui, Nikki ? » « Papa, tu te souviens comment je pleurnichais tout le temps quand j’avais 4 ans ? A 5 ans, j’ai décidé d’arrêter. C’est une des choses les plus difficiles que j’ai faites. Si j’ai pu arrêter de pleurnicher, tu peux sûrement arrêter de râler tout le temps. »
A cet instant, qu’il décrit comme une « épiphanie », Martin Seligman a compris une chose essentielle : que l’on pouvait passer à côté de la vie si l’on n’entraînait pas son esprit à percevoir ce qu’il y a de gratifiant et de joyeux plutôt que se concentrer seulement sur les difficultés. Et que le rôle central de la psychologie scientifique devrait être d’aider chacun à trouver cet équilibre vers le positif, comme Nikki l’avait fait d’elle-même (M. E. P. Seligman et M. Csikszentmihalyi, Positive Psychology : An Introduction, American Psychologist, 2000).

Depuis la naissance de la psychologie moderne, il y a cent ans, la définition de la « santé mentale » s’est limitée à la « réduction des troubles neuropsychiatriques ». Il y a encore dix ans, 90 % des articles scientifiques en psychologie étaient consacrés aux troubles comme l’angoisse et la dépression. La psychiatrie biologique conçoit la sérénité comme un fragile équilibre de neurotransmetteurs toujours prêt à se dérégler. Dans cette psychologie classique, l’individu n’est que la résultante de conflits de l’enfance, d’instincts malsains plus ou moins jugulés, et de forces biologiques qu’il ne contrôle pas.
La nouvelle psychologie annoncée par Seligman est toute autre. Il ne s’agit plus d’aider les gens à passer de - 5 à 0 sur l’échelle de satisfaction, mais à permettre à chacun de passer de 0 à + 5.
La « psychologie positive » est révolutionnaire en ce qu’elle s’intéresse à ce qui rend les gens heureux. Son objectif est de développer la capacité d’aimer et d’être aimé, de donner du sens à nos actions, d’être responsables de ce que nous pouvons changer, d’être résilients face à ce que nous ne pouvons pas éviter. Le programme de recherche international sur la capacité des moines tibétains à se remplir d’émotions positives est une belle illustration de cette nouvelle psychologie. Par la pratique, ils peuvent radicalement transformer l’état de leur cerveau vers plus de sérénité et de compassion. Ils montrent qu’il est donc possible d’entraîner le cerveau vers un bonheur hors norme… (A. Lutz, L. L. Greischar et al, Long-Term Meditators Self-Induce High-Amplitude Gamma Synchrony During Mental Practice, Proceedings of the National - Academy of Sciences of the United States of America, 2004, 101, 16 369-16 373)

Pour ceux d’entre nous qui ne seront jamais moines, les premières grandes études de la psychologie positive ouvrent des perspectives plus facilement praticables : elles nous demandent, par exemple, de noter dans un journal (au moins une fois par semaine) les événements les plus positifs que nous avons vécus et comment nous y avons contribué. Après seulement six semaines (à peu près le même temps que celui nécessaire à l’action d’un antidépresseur…), la satisfaction que nous procure notre vie s’est considérablement améliorée (R. A. Emmons et M. E. McCullough, Counting Blessings Versus Burdens : An Experimental Investigation of Gratitude and Subjective Well-Being in Daily Life, Journal of Personality & Social Psychology, 2003, 84 (2), 377-389).
Un des résultats les plus solides de la psychologie positive est l’importance démontrée de notre connexion aux autres. Mihaly Csikszentmihalyi – le spécialiste des expériences optimales – remarque que « les gens sont le plus heureux lorsqu’ils sont en compagnie d’autres êtres humains. Le pire à se souhaiter est de rentrer seul à la maison sans rien à faire de particulier, et c’est précisément ce qu’une grande partie des gens croit désirer le plus ! (C. Wallis, The New Science of Happiness, Time, 7 Février 2005, 39-44.) » La simple poursuite du « plaisir », selon Seligman, ne conduit pas à un bien-être durable. Ce qui construit le bonheur, ce serait « l’engagement » – dans une relation amoureuse, une famille, un travail, une communauté – ou « donner du sens à son action » : se servir de ce que l’on a de mieux en soi pour contribuer au bien-être des autres.
Mais le message le plus important de la nouvelle psychologie reste sans doute l’enseignement de Nikki : nous avons tous en nous une aptitude naturelle au bonheur et, dans une large mesure, il nous appartient de décider si nous allons, ou non, lui donner sa chance."

mardi 19 août 2014

En Juillet s'est déroulé le 7ème congrès européen de psychologie positive

header5_ecpp2014

En Juillet s'est déroulé le 7ème congrès européen de psychologie positive

Quels sont les aspects fondamentaux de l'épanouissement humain ? Comment ces aspects peuvent être utilisés dans les interventions en milieu de travail, dans les écoles et dans les communautés? Et comment les politiques peuvent être mises en forme pour une société florissante? Ceux-ci et beaucoup d'autres sujets ont été abordés lors de ce 7ème congrès européen sur la psychologie positive à Amsterdam du 1er au 4 Juillet 2014.
Les scientifiques, les chercheurs, les cliniciens, les éducateurs, les décideurs, les étudiants et tous ceux qui s'intéressent à la psychologie positive en Europe et dans le monde entier se sont réunis pour recevoir des informations sur l'état de la recherche et de la pratique dans ce domaine. 
L'une des principales autorités du monde sur la psychologie positive, Mihaly Csikszentmihalyi

Le Congrès vise tous les deux ans à couvrir l'étendue de sujets de la psychologie positive, avec des conférenciers de renom tels que Barbara Fredrickson, Carmelo Vázquez et Ryan Niemiec. La clôture du congrès cette année s'est faite par Mihaly Csikszentmihalyi avec une vision sur l'avenir de la psychologie positive. Entre-temps, les visiteurs ont été inspirés par de nombreuses conférences, suivant les thèmes habituels, mais aussi des thèmes novateurs tels que la conception et la technologie positives, ou encore le vieillissement positif. 
L'Institut Trimbos a été l'hôte du Congrès dans un consortium avec l'Université de Twente et l'Institut néerlandais pour la recherche sociale.
Jan Walburg 
Professeur psychologie positive Université de Twente, président ECPP 2014